INAUGURATION – BANC ROUGE 25 NOVEMBRE 2024
Hommage à toutes les femmes victimes de féminicides et de violences masculines.

25 novembre 1960 : assassinat des trois sœurs MIRABAL refusant les avances du dictateur de la République Dominicaine (Amérique centrale), Rafael TRUJILLO.
Journée proclamée internationale par les Nations-Unies en 1999 : Journée Internationale de lutte contre les violences faîtes aux Femmes.

  • Le 3919, ligne nationale d’écoute téléphonique et d’orientation à destination des femmes victimes de violences. Ce service est gratuit, anonyme, et accessible 7 jours sur 7 et 24H/24.
  • le 114, par SMS si vous ne pouvez pas parler
  • le 17, service d’urgence de la gendarmerie.
  • Depuis avril 2024, la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) assure désormais la confidentialité des adresses des victimes des violences conjugales. 0809.401.401 du lundi au vendredi de 8h30 à19h ou par internet – rdv sur place ou en visio (appli – impots.gouv -rubrique « contacts » et « rendez-vous ».

Discours de Jacqueline HENNEGRAVE
pour Femmes Solidaires Antenne de Digne les Bains

Le banc rouge, un banc public peint en rouge, couleur sang, c’est quoi ? Il faut comprendre le code derrière l’objet.
– C’est un symbole, un symbole public, visible, intrigant, un symbole fort des meurtres commis par des maris sur leurs conjointes ou ex-Conjointes.
– C’est un moyen, inventé par nos amies italiennes et repris en 2017 par le Comité des Femmes Solidaires de Bastia, en Corse, pour retenir l’attention des gens, du public, sur ce phénomène social de grande ampleur, le plus souvent ignoré, qui passe inaperçu, parce que dérangeant.

Statistiquement, plus de 100 femmes sont tuées par leur mari, chaque année en France, soit 1 tous les 3 jours ; tandis que les violences conjugales touchent 220 000 françaises chaque année.

Au Mexique, c’est 10 par jour … car ce phénomène est universel, il existe dans tous les pays.
Toutes les femmes tuées ou maltraitées parce que « femme » c’est à dire pas pour ce qu’elles ont fait mais pour ce qu’elles sont, toutes sont nos sœurs, parce que nous sommes toutes liées les unes aux autres …Nous partageons le même sort…
Ces mêmes statistiques montrent que le moment le plus dangereux pour une victime de féminicide (c’est ainsi qu’on nomme les violences d’un homme sur sa conjointe) est souvent celui où elle se sépare de son partenaire violent
Il y a des hommes qui tuent les femmes qui veulent partir.
Quand une femme décide de quitter un homme, il a l’impression d’avoir perdu le contrôle sur elle ! Il ne supporte pas qu’elle s’émancipe de sa tutelle.

C’est ce contrôle qu’il rétablit de manière définitive, en la tuant.

Nous l’appelons FÉMINICIDE, ce phénomène social, en référence au mot GÉNOCIDE : NON, ces crimes ne sont pas des faits divers éparpillés, tout juste bons à être relégués à la rubrique des « chiens écrasés » dans les journaux. NON, ce ne sont pas des « crimes dits passionnels « , aux circonstances atténuantes pour les auteurs, ce que plaident encore aujourd’hui des avocats et des avocates. On ne tue pas par amour.
Ce sont des crimes de possession et leurs auteurs sont des criminels.
Mais le FÉMINICIDE, en référence au GÉNOCIDE, est aussi un crime de masse. L’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, reconnaît 4 formes de Féminicides l’intime, le familial, le communautaire et le sociétal, considérant ainsi que le crime de féminicide ne peut être réduit aux seules dysfonctionnements du couple mais qu’il est le résultat d’un fonctionnement patriarcal de nos sociétés encore puissamment machistes et misogynes, où les hommes ont une vision très dégradée des femmes. Car ce que le féminicide matérialise et expose tout à la fois, c’est un CRIME TOTAL perpétré contre les femmes, un crime de masse à dimension universelle, historique aussi (on pense aux femmes brûlées et traitées de sorcières) et actuelle, un crime collectif autant qu’individuel et même un crime d’État en certains points du globe : au Mexique, dans la ville de Ciudad Juares, tristement célèbre sous l’appellation de « cité où l’on tue les femmes », sans que l’État fasse quoi que ce soit pour faire cesser ce crime.

Ici, en France, les colleuses féministes françaises affichent sur les murs des phrases coup de poing telle celle-ci: « Aux femmes assassinées, la patrie indifférente » en référence à l’inscription au fronton du Panthéon à Paris « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante » !

Sur le continent asiatique, il y a 200 millions de filles manquantes du fait de l’élimination des foetus-filles et des bébés-filles, organisée à vaste échelle depuis la 2nde moitié du XX è siècle. Une tuerie silencieuse qui ravage l’Inde notamment (cf le documentaire de Manon Loiseau en 2002 intitulé : « la malédiction de naître fille ». (1)

On comprend alors que le féminicide n’est pas seulement un crime individuel mais bien un massacre collectif à l’échelle de la planète, un crime dont la réalité a été trop longtemps relativisée, déniée ou simplement tue, le silence constituant une seconde mort.

C’est donc, ici aussi, un FLÉAU SOCIAL qui devrait être traité comme tel par les pouvoirs public, c’est à dire avec sérieux et avec des moyens, notamment éducatifs vers les plus jeunes et rééducatifs pour les auteurs, mais aussi en créant des Tribunaux spéciaux pour traiter ces affaires.

Ce que notre association féministe, avec d’autres qui défendent les droits des femmes et l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, réclament sans cesse depuis des années.
Le nombre de victimes de féminicides individuels en France est décompté par le site féministe : « Féminicides par compagnons ou ex » depuis 2016, d’après les informations des Parquets, ceci non dans un esprit de victimisation mais dans un esprit de résistance :

Nous avons résisté, Nous résistons, Nous résisterons

2016 : 123 2017 : 130 2018 : 121 2019 :146 2020:102
2021 : 113 2022 : 118 2023 : 102

2024  ……………

Cliquez ci-dessous pour écouter l’interview de Jacqueline Hennegrave :